Signature d'un accord entre les presidents du Cameroun et de de Guinée équatoriale

Refoulement de Camerounais en Guinée équatoriale : une menace de trop à la coopération bilatérale et à l’intégration régionale

Plusieurs dizaines de Camerounais viennent à nouveau d’être brutalement expulsés de Guinée équatoriale en quelques heures seulement. D’après les sources locales, la nouvelle vague de refoulements fait suite à une altercation entre commerçants camerounais et équato-guinéens, transformée en une crise diplomatique latente. Des expulsions qui relancent une fois de plus le débat sur la fragilité de la coopération bilatérale entre Yaoundé et Malabo, tout en posant une sérieuse hypothèque sur les ambitions d’intégration régionale en Afrique centrale, pourtant portées par la CEMAC.

Signature d’un accord entre les presidents du Cameroun et de de Guinée équatoriale

Le nouvel épisode de refoulement s’inscrit dans une longue série de pratiques devenues presque routinières de la part de la Guinée équatoriale. Des arrestations arbitraires et des renvois forcés ont déjà été observé en 2024 avec des vagues similaires et des méthodes expéditives dénoncées par des ONG et observateurs régionaux. Ce qui choque est que de nombreux expulsés disposaient de documents légaux validés selon la législation équato-guinéenne. Toute chose qui remet en cause la légitimité de ces expulsions contraires aux engagements internationaux de Malabo en matière de respect des droits humains et des accords régionaux de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Ces actes unilatéraux brisent l’esprit des accords de libre circulation dans la zone et alimentent un climat de méfiance et de tensions, sapant les efforts laborieux vers une véritable union sous-régionale.

La Guinée équatoriale, pays riche en ressources pétrolières est soucieuse de préserver un modèle de gouvernance centré sur le contrôle interne, semble opter pour un repli sécuritaire motivé par la peur d’une infiltration étrangère et la pression sur son marché du travail. Son nationalisme économique affiché et teinté d’une diplomatie autoritaire, tranche avec la posture du Cameroun qui, malgré les provocations, maintient une approche mesurée privilégiant la diplomatie douce et la stabilité régionale.

Plaque indicative de la frontière Cameroun – Guinée équatoriale

Le silence, voire l’inaction apparente de Yaoundé, suscite cependant des interrogations. Est-ce une stratégie de désescalade ou le signe d’une faiblesse diplomatique face à un partenaire devenu de plus en plus imprévisible ? En s’abstenant de toute mesure de réciprocité, le Cameroun évite certes l’escalade, mais risque aussi d’apparaître comme un acteur passif dans la défense de ses citoyens et de ses intérêts. Il est clairement affiché qu’en l’absence de mesures de réciprocité ou de pression visible, Yaoundé se fait prisonnier d’une diplomatie de retenue qui contraste avec l’attitude ferme et unilatérale de Malabo. Une asymétrie qui nourrit ainsi un déséquilibre dans les relations bilatérales et affaiblit le poids diplomatique du Cameroun dans la sous-région.

Au-delà des deux pays, c’est le projet d’intégration régionale en Afrique centrale qui vacille. La CEMAC se montre plus comme une communauté économique régionale (CER), ambitieuse que réelle face au non-respect des accords régionaux de libre circulation. Bien qu’un dialogue bilatéral franc entre les deux capitales soit préconisé, d’autres mécanismes de régulation et de médiation devraient se mettre en branle pour éviter une normalisation des épisodes similaires dans l’espace communautaire.

Par YMN

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