
Diplomatie de présence et d’influence continentale
« La diplomatie, comme la politique étrangère, se redéfinit en permanence au gré des intérêts de chaque État », rappelle le professeur Maurice Kamto dans une interview accordée à un media en ligne, soulignant qu’il n’existe pas d’« amitiés éternelles entre les États ».
Le manque de visibilité du Cameroun dans les grandes instances régionales est pour lui, l’un des facteurs de sa marginalisation actuelle.
Déplorant cet effacement progressif du Cameroun sur la scène diplomatique régionale et continentale, le candidat malheureux de l’élection présidentielle de 2018 au Cameroun, a notamment cité la perte de la Bourse de valeurs en Afrique centrale comme conséquence directe selon lui, de l’absence de présence diplomatique camerounaise lors de décisions clés. “Nous allons être présents. La diplomatie camerounaise sera une politique de présence effective”, a-t-il déclaré.
Selon le juriste, le temps de l’alignement automatique ou des « amitiés éternelles » est révolu. La nouvelle ère diplomatique camerounaise devrait reposer sur le pragmatisme, la flexibilité et une lecture claire des rapports de force mondiaux. A ce titre, « le non-alignement n’a plus tellement de sens. […] Aujourd’hui, on est dans une compétition globale où chacun cherche à préserver ses intérêts » ; a-t-il expliqué.
Le président du MRC entend ainsi restaurer l’influence du Cameroun en réinvestissant les arènes africaines, comme les différents sommets de l’Union africaine, délaissés par le président Paul Biya qui se fait habituellement représenter. Maurice Kamto annonce aussi la revalorisation de la coopération sous-régionale.
Reconfiguration de la carte diplomatique
L’ancien ministre délégué à la justice n’a pas manqué de critiquer le manque de cohérence dans la carte diplomatique actuelle du Cameroun, soulignant l’absence de représentations dans des pays clés comme l’Inde ou l’Angola. « Il n’est pas explicable que nous n’ayons pas d’ambassade en Inde, un pays de plus d’un milliard d’habitants, alors que nous en avons dans des États où nos intérêts sont quasi inexistants » a rappelé le professeur Maurice kamto.
Redéployer le réseau diplomatique en fonction des partenariats économiques et technologiques stratégiques, en cohérence avec les besoins du développement national, est une ambition pour ce leader politique dont la vision semble plus stratégique qu’idéologique.
Renégociation des APE : une priorité
La critique de Maurice Kamto concernant les accords de partenariat économique (APE) signés avec l’Union européenne affiche clairement sa trajectoire. Selon le candidat de la plateforme Alliance politique pour le changement (APC), ces accords sont comme un acte de marginalisation régionale et de compromission industrielle.
« Il faudra renégocier ces accords, et si cela est impossible, envisager le retrait » a -t-il affirmé avant de plaider pour une révision intégrale de ces engagements, qui selon lui, nuisent à l’essor d’une industrie locale compétitive et renforcent la dépendance du pays vis-à-vis de marchés extérieurs non essentiels.
Position constructive sur la cour pénale internationale (CPI)
S’agissant de la scène judiciaire internationale, l’ancien conseiller à la Conférence de Rome de 1998, adopte une posture de réforme plutôt que de rejet. Pas de retrait de la CPI, mais une exigence forte de réforme et de légitimité équitable.« Il faut travailler à construire la légitimité de la justice internationale, pas fuir; » martèle t-il.
Tout en reconnaissant les dérives et les frustrations africaines face à la sélectivité de la Cour, Maurice Kamto appelle les États du continent à rester parties prenantes pour peser collectivement dans les réformes nécessaires, notamment sur des questions telles que le crime d’agression.
En grand connaisseur des mécanismes juridiques internationaux, son appel sonne comme un activisme africain de coordination au sein de la CPI en vue de corriger les biais perçus et réaffirmer l’universalité de la justice.
Entre réalisme stratégique, souveraineté économique et diplomatie d’influence, le candidat du MRC propose une rupture avec l’immobilisme passé et la réhabilitation de la voix camerounaise dans les débats mondiaux. Sa vision implique que le Cameroun d’aujourd’hui passe de pays figurant, à acteur important sur la scène internationale.
Par Mangue Man Mut
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