
Sur toute l’étendue du territoire camerounais, une campagne de vaccination contre l’épidémie de poliomyélite débute ce 29 mai et s’achève le 1er juin. L’objectif de ce second tour de campagne après celle du 24 au 27 avril 2025, est de renforcer l’immunité collective chez les enfants âgés de moins de cinq ans et de stopper la circulation du virus, le variant de type 2 confirmé dans la sous-région du Bassin du Lac Tchad. Sont concernés, le Cameroun, le Niger, le Tchad, le Nigeria, la République Centrafricaine.
De manière opérationnelle, elle est coordonnée par le Programme élargi de vaccination (Pev) de concert avec les partenaires techniques notamment l’Alliance du vaccin (Gavi). Pour ce faire, les équipes de vaccination se déploieront dans les formations sanitaires, les ménages, les lieux publics à l’instar des écoles, des marchés, des chefferies, des églises et mosquées. Au cours de cette intervention, les enfants âgés de zéro à cinq ans vont recevoir deux gouttes du vaccin oral polio bivalent (VPO) par voie orale.
C’est aussi l’occasion pour les enfants de cette tranche d‘âge ayant manqué leurs rendez-vous, de se rattraper en se faisant administrer le vaccin contre cette maladie qui se transmet par la voie féco-orale, principalement la consommation d’eau et d’aliments souillés. Mais aussi, elle peut se propager par le contact direct avec une personne affectée. Selon le Pev, dans 90% de cas, l’infection est asymptomatique. Chez les personnes affectées, les symptômes peuvent inclure la fièvre, la fatigue, les maux de tête, la raideur dans le cou et les douleurs dans les membres. Dans les cas grave, elle peut provoquer une paralysie irréversible, souvent des jambes.
Obstacles majeurs dans la lutte
En vue d’une meilleure coordination diplomatique transfrontalière, le ministère de la Santé publique insiste qu’une attention particulière sera accordée aux populations autochtones, aux réfugiés, aux personnes déplacées et celles de la zone frontalière. Au cours d’une réunion virtuelle tenue à Ndjamena, au mois d’avril dernier, entre les Etas membres du Bassin du Lac Tchad, le ministre Manaouda Malachie, indiquait que le Cameroun, depuis 2019, a enregistré 47 virus confirmés dans 6 régions.
Au regard de la résurgence du poliovirus variant, notamment dans les foyers de Kousseri, Ngaoundéré et Douala, les actions engagées par le Cameroun reposaient sur le renforcement de la qualité des campagnes dans 54 districts, l’actualisation des microplans, l’implication des forces de sécurité et des autorités locales, et cartographie des zones à risque, y compris les camps de réfugiés et de déplacés internes.
La fédération des énergies au niveau des frontières permettra de réduire la circulation dans la région confrontée aux tensions d’insécurité. D’après les chiffres communiqués au cours de ladite réunion, la courbe de contamination a connu une baisse en 2025. Dans le détail, le Tchad a enregistré 12 virus dans 5 districts de santé. Le Niger a consigné 1 virus dans 1 district. Le Nigeria a totalisé 15 virus dans 6 districts. Au Cameroun, 2 virus ont été confirmés dans 1 district. Des chiffres en régression contrairement à l’année 2024 où le Bassin du Lac Tchad a vu 50 districts de santé en épidémie avec 84 virus confirmés répertoriés ainsi qu’il suit. Au Tchad, 45 virus confirmés dans 26 districts. 16 districts ont accueilli 30 malades pour une prise en charge. Au Nigeria, les soldats de la santé ont été au service de 71 patients dans 45 districts. Au Cameroun, 5 patients ont été pris en charge dans 5 districts.
Conscient des défis que rencontre le pays, le Cameroun, a, en marge de la 78e Assemblée mondiale de santé à Genève en Suisse, réaffirmé son engagement dans une lutte transfrontalière renforcée. Les obstacles majeurs étant : l’insécurité rendant certaines zones inaccessibles, les lacunes dans la vaccination de routine, la persistance des foyers transfrontaliers de transmission et les contraintes financières. S’agissant de l’insécurité, nous avons les attaques de Boko Haram dans les régions septentrionales du pays (Extrême Nord, Nord, Adamaoua). Sont aussi frappées par ce fléau, les régions du Nord-ouest et Sud-ouest avec la crise sociopolitique qui date des années.
Face à ces barrières, le Cameroun a proposé plusieurs mesures sur une coordination transfrontalière renforcée, un financement innovant pour les campagnes ciblées, l’introduction accélérée du vaccin hexavalent, une intégration durable de la riposte à la poliomyélite dans un système de santé plus robuste, conformément à l’agenda IA2030. Sur la base de l’inexistence d’un traitement curatif contre la poliomyélite, en plus de la vaccination, le respect des règles d’hygiène est l’arme préventive conseillée aux populations.
Par Crescence Yolande AKABA, Cameroun
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