

Le curage des voies d’évacuation d’eau obstruées par des déchets comme solution préventive à Yaoundé 2.
Trois mois après la présentation de ses lettres d’introduction au ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures en charge de la coopération avec le Commonwealth, Felix Mbayu, en février 2025, le Dr Magaran Monzon Bagayoko s’imprègne des dossiers de coopération. En tant que nouveau représentant de l’Oms au Cameroun en remplacement du Dr Phanuel Habimana. Il place son mandat sous le signe de la promotion du droit à la santé pour tous.
Pour lui, il est nécessaire de s’ouvrir aux autres secteurs comme l’urbanisme afin d’évaluer les problèmes sanitaires en milieu urbain. L’amélioration du système de santé ne pourrait dissocier les problèmes sanitaires des maux environnementaux. C’est dans cette perspective que le 15 mai à Yaoundé, ce haut cadre de nationalité malienne et en service à l’Oms pendant plus de 30 ans a dressé un tableau pas reluisant de l’urbanisation au Cameroun. Avec la ministre de l’Habitat et du développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès, le Dr Bagayoko a relevé de nombreux déterminants liés à l’urbanisation qui sont à l’origine de la recrudescence de certaines pathologies

Audience du 15 mai, à Yaoundé, entre le Dr Bagayoko et la ministre Célestine Ketcha Courtès.
Outre le non-respect des règles d’hygiène par les populations, le non-respect des normes de construction est l’un des principaux déterminants environnementaux qui accélère la propagation de nombreuses maladies. Sont pointées du doigt, l’épidémie du cholera et l’endémie du paludisme. Avec environ 6,7 millions de cas chaque année et près de 6 000 décès, le paludisme demeure la première cause de morbidité et de mortalité dans le pays. Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes en sont les principales victimes.
Dans un climat d’échanges serein, la ministre Célestine Ketcha Courtès a salué l’engagement du nouveau Représentant résident, à continuer l’œuvre de son prédécesseur. Tout en reconnaissant cette tare sociale, elle mise sur la longue collaboration entre l’Oms et son département ministériel, en complément aux initiatives gouvernementales pour tordre le cou à ce fléau. Au regard des nombreux défis, à l’instar de la croissance démographique et l’urbanisation rapide, beaucoup reste encore à faire, reconnaît Célestine Ketcha Courtès. Car, il ressort des chiffres publiés par des organes compétents dans la collecte et l’analyse des données démographiques que l’évolution du taux d’urbanisation suit la tendance mondiale à la croissance accélérée de la population urbaine.
Pression foncière accrue
Au Cameroun, celle-ci est passée de 28,5% en 1976 et 37,8% en 1987 à 52% en 2010 selon le Bureau central des recensements et des études de population ((Bucrep – Rgph 1976, 1987, 2005 et projections). Soit une estimation de 59,4% en 2022 (Bucrep). Cette urbanisation rapide n’est pas uniquement démographique mais aussi spatiale. Ainsi, les politiques et les programmes de développement connaissent des lacunes dans la planification. Cela se traduit notamment par l’occupation anarchique du sol.
Sur le terrain, l’on note la prolifération des bidonvilles. Ici, les conditions de vie se résument à un environnement insalubre, le manque des canaux de drainage des eaux source des multiples innondations. Plus loin, l’absence des routes et l’accès difficile à l’eau potable pour consommation. Dans la plupart du temps, les habitants s’abreuvent dans des points d’eau mal entretenus, souvent situés à proximité des toilettes. Un état des lieux qui pousse le Cameroun à rejoindre la tendance observée dans les pays en développement dans lesquels « la superficie des villes augmente plus vite que leur population ».
En moyenne, la surface des terres qu’elles occupent augmente deux fois plus rapidement que le nombre de leurs habitants ». Cet étalement urbain non maîtrisé (l’on parle aussi de fragmentation des villes), en plus de la pression foncière accrue, force les villes à réaliser des investissements lourds pour répondre aux besoins en services urbains, dont la mobilité et la gestion des déchets.
Une situation environnementale qui inquiète l’Oms, un partenaire majeur du Minhdu dans le domaine de l’Habitat qui bénéficie de la célébration d’une journée au niveau mondial. L’édition 2025 se célèbre du 30 juin au 07 juillet à Bafoussam à l’Ouest Cameroun.
Par Crescence Yolande AKABA, Cameroun
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