La Russie vient de célébrer à Moscou, le 80e anniversaire de la victoire soviétique sur le nazisme. La commémoration transformée en une démonstration géopolitique d’une portée inédite en présence de dirigeants représentant près des trois quarts de la population mondiale, a orchestré un défilé militaire sur la place Rouge, fusionnant mémoire historique et ambitions stratégiques.
Photo Président Poutine et ses invités – Archives – Kremlin
Une parade, trois messages
Au-delà de l’hommage aux sacrifices de la Seconde Guerre mondiale, la célébration a incarné une volonté manifeste de redéfinir les rapports de force mondiaux. En exposant des armes sophistiquées, telles que des missiles Iskander-M et des ICBM Yars, la Russie de Vladimir Poutine a affirmé sa puissance militaire tout en envoyant un signal selon lequel, le Kremlin entend dicter les règles du jeu face à un Occident jugé arrogant et provocateur.
Le discours de Vladimir Poutine a amplifié ce message en qualifiant l’Occident de “risque de conflit mondial” et en évoquant la “prêtresse de la guerre” que serait l’OTAN. Une rhétorique, couplée à une posture nucléaire affirmée visant à dissuader toute ingérence extérieure et à consolider le soutien interne.
Démonstration de force en pleine guerre
Alors que l’armée russe est engagée en Ukraine, cette parade a servi de vitrine à la résilience du Kremlin. La participation de soldats ayant combattu sur le front ukrainien a renforcé un message indiquant que la Russie est prête à tout pour préserver sa vision du monde, même au prix de lourdes pertes humaines.
Cette posture a aussi été un avertissement à l’Ukraine et à ses alliés. Le message en filigrane fait penser à un avertissement que toute pression supplémentaire pourrait entraîner une escalade incontrôlable. Le minutage de l’événement, coïncidant avec des discussions internationales sur un cessez-le-feu a surtout renforcé l’impression d’une Russie déterminée à imposer ses conditions.
Un bloc populaire annonciateur d’une nouvelle architecture diplomatique ?
La présence de leaders de pays comme l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Burkina Faso a transformé l’événement de Moscou en un symbole d’un monde multipolaire émergeant. Ces nations souvent absentes des grandes scènes diplomatiques, ont choisi Moscou pour affirmer leur indépendance vis-à-vis de l’Occident. Le Kremlin a ainsi mis en scène une coalition alternative, soulignant la fracture croissante entre un bloc occidental unifié et un Sud global en quête de souveraineté stratégique.
L’événement a donc illustré la montée en puissance d’un bloc alternatif défiant l’hégémonie occidentale et redéfinissant les alliances internationales. La parade et la démonstration de force ont démontré la possibilité d’instrumentalisation de la mémoire historique pour justifier des ambitions contemporaines soulignant les dangers d’une confrontation prolongée avec des implications potentielles pour la stabilité régionale et mondiale.
Avec une Russie en chef d’orchestre d’une nouvelle symphonie géopolitique, le 9 mai 2025 à Moscou a marqué un tournant dans la redéfinition de l’ordre mondial.
Par Yves Modeste Ngue
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