
Le 05 juin 2025, le Cameroun s’est joint au reste du monde pour célébrer la journée mondiale de l’environnement. Le thème de la 53e édition portait sur la lutte contre la pollution par les plastiques. En guise de bilan, il ressort que le chemin de lutte voire de l’éradication du plastique est encore long pour le Cameroun.
Malgré les efforts gouvernementaux en termes de recyclage, la résistance de cette matière sous forme non biodégradable se traduit par sa longue durée de vie dans les métropoles. Il s’agit entre autres des emballages plastiques, des bouteilles plastiques, des ustensiles de cuisines et autres matériaux. Ces déchets plastiques séjournent dans les rues, les caniveaux, les cours d’eau et sont à l’origine de nombreux dégâts environnementaux.
Le milieu urbain, du fait d’une construction anarchique associée à l’incivisme des populations est constamment le théâtre des inondations, des éboulements de terrains, la destruction des habitations. Une situation qui cause certaines maladies et des morts par inondations.
Cette réalité urbaine est une entorse à la transition écologique tant souhaitée par le Cameroun à travers notamment, la ratification de plusieurs textes environnementaux au niveau international. Parmi ces derniers, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 1994, le Protocole de Kyoto en 2002 et l’Accord de Paris en 2016.
Budgétisation verte
Le Cameroun a entrepris dans ce sens et depuis plusieurs années, des reformes visant la prise en compte du climat dans les politiques publiques. Conformément à ses engagements internationaux, Yaoundé s’est lancé à la budgétisation verte, encore appelée Budgétisation Sensible au Climat (BSC). Pour 2025, un montant de 225, 3 milliards soit 12,27% du budget total a été alloué pour les neuf administrations pilotes.
Ces fonds prennent en charge la santé publique, l’environnement, les pêches et des industries animales, l’habitat et le développement urbain, l’agriculture, les forêts, les transports et les travaux publics. Dans le détail, 47,57% de dépenses sensibles au climat concernent des actions d’adaptations aux changements climatiques, 51, 85% sont consacrés à des initiatives d’atténuation des changements climatiques et 0,57% sont affectés à des projets visant la protection de la biodiversité
Au regard des catastrophes sans cesse croissantes, les fruits de l’adhésion du pays à environ une trentaine de conventions multilatérales, régionales et sous-régionales en matière de développement durable et de protection de l’environnement, notamment sur la biodiversité, les changements climatiques, la désertification, la protection de la couche d’ozone ne sont pas encore murs. Ces traités et accords internationaux approuvés ou ratifiés par le pays, s’ajoutent à plusieurs lois et réglementations endogènes.
Injustice sociale
En interne, l’on note un fossé entre les discours et les pratiques locales en termes de mise en place des mécanismes institutionnels et juridiques. Pour protéger la biodiversité, le pays a adopté la loi cadre relative à la gestion de l’environnement en 1996, la Convention sur la coopération relative à la protection et au développement de l’environnement marin et les zones côtières, la Convention de Ramsar. L’objectif étant de protéger les écosystèmes, préserver les écosystèmes naturels, notamment les forêts, les mangroves et les zones humides.
A travers ces textes, le pays s’est engagé à la conservation de la biodiversité, la protection des espèces animales et végétales, ainsi que les habitats qui les abritent. Ici, la gestion des ressources naturelles de manière rationnelle pour assurer un développement durable demeure une polémique. La nécessite d’une coordination entre les différentes parties prenantes s’impose également en matière de préservation des forêts et ses espèces vivantes au moment où le braconnage et le trafic d’espèces vident ces écosystèmes.
Les principes et les modalités de gestion des forêts ont été fixés dans la loi n° 94/01 du 20 janvier 1994. L’interdiction de la chasse et le commerce d’espèces protégées, l’utilisation des ressources fauniques sont encadrées dans la loi n° 2011/008 du 6 mai 2011 et malheureusement foulées au pied par les exploitants. La coupe abusive des bois protégés seulement fait perdre du sommeil au gouvernement en dépit du système anti-fraude installé.
Dans l’ensemble, la politique de développement durable s’illustre plutôt par la non-conciliation de la protection de l’environnement, l’inefficience économique et l’injustice sociale. Des tares qui répondent partiellement aux besoins des générations présentes et compromettent les futures quant à la capacité de satisfaire les leurs.
Par Crescence Yolande AKABA, Cameroun
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