Fermeture annoncée du consulat américain à Douala : un risque pour la coopération Cameroun – États-Unis

La fermeture potentielle du consulat des États-Unis à Douala, dans le cadre d’un vaste plan de réduction de la présence diplomatique américaine à l’étranger, fait peser de lourdes menaces sur les relations bilatérales entre Washington et Yaoundé. Si cette décision se concrétise, ses répercussions iront bien au-delà des simples services consulaires.

Annoncée comme une mesure d’austérité par l’administration Trump, cette fermeture s’inscrit dans un programme plus large de rationalisation budgétaire du département d’État, appuyé par le nouveau département de l’efficacité gouvernementale dirigé par Elon Musk. Selon un document interne obtenu par CNN, 10 ambassades au total et 17 consulats sont concernés à travers le monde. En Afrique, les ambassades sont celles de la Centrafrique, du Congo-Brazzaville, de l’Érythrée, de la Gambie, du Lesotho et du Soudan du Sud alors que les consulats ciblés sont ceux de Durban en Afrique du Sud et Douala au Cameroun.

Un coup dur pour la coopération bilatérale

À Douala, capitale économique du Cameroun, le consulat ne se limite pas à la délivrance de visas. Il constitue un acteur essentiel de la coopération sécuritaire, économique et culturelle entre les deux pays. La fermeture de cette représentation viendrait affaiblir de manière significative ce lien stratégique, notamment dans un contexte régional tendu du golfe de Guinée et de la lutte contre l’extrémisme violent.

Les conséquences sont à anticiper dans les domaines économique et sécuritaire. De nombreuses entreprises américaines actives au Cameroun s’appuient sur le consulat de Douala pour faciliter les démarches administratives, garantir la protection juridique de leurs ressortissants ou initier des partenariats locaux. Sa disparition ralentirait les investissements et fragiliserait les échanges commerciaux tout en portant un sérieux coup à l’environnement des affaires.
Côté sécurité, la coopération dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans l’Extrême-Nord du Cameroun, pourrait être fragilisée par l’éloignement des canaux diplomatiques opérationnels. La représentation de Douala permet en effet des échanges fluides entre les autorités américaines et camerounaises, essentiels pour le partage d’informations, la formation et le soutien logistique.

Des répercussions attendues au niveau régional et continental

En l’absence de représentation à Douala, les citoyens camerounais souhaitant se rendre aux États-Unis devraient se tourner vers d’autres ambassades américaines dans la sous-région, au prix de démarches longues et coûteuses. Pour de nombreux Camerounais, le coût d’un simple visa (actuellement à 185 dollars pour un visa touristique) représente déjà un obstacle important. Devoir se déplacer à l’étranger pour obtenir ce document renforcerait encore l’exclusion économique.

Mais au-delà de l’impact individuel, c’est l’image des États-Unis en Afrique qui pourrait s’en trouver écornée. En réduisant leur empreinte diplomatique sur le continent, les États-Unis envoient un signal contradictoire à leurs discours sur le partenariat stratégique avec l’Afrique. Le Cameroun, l’un des pays pivot en Afrique centrale, verrait sa relation avec Washington reléguée au second plan, au profit de solutions diplomatiques favorables à Yaoundé.

Une décision aux allures de désengagement ?

Le choix de fermer des consulats comme celui de Douala traduit une volonté de recentrage stratégique des États-Unis, au détriment de leur rôle de partenaire engagé sur le continent africain. Dans un monde de plus en plus multipolaire, où d’autres puissances comme la Chine ou la Russie renforcent leur présence diplomatique, un tel repli pourrait coûter cher à Washington en termes d’influence.
Bien que le projet reste en suspens en l’état attendant toute confirmation, il convient de relever que si cette décision est entérinée, elle marquerait une inflexion majeure dans les relations Cameroun–États-Unis, et possiblement, dans la place que l’Afrique occupe dans la diplomatie américaine et plus tard vice versa.

Par Yves Modeste NGUE

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