

Ministre de la Santé Publique, Dr Manaouda Malachie
Yaoundé prend part aux assises sanitaires mondiales à Genève en Suisse depuis le 18 mai 2025. Le Cameroun est représenté par une délégation conduite par le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie. L’agenda du séjour prévoit de nombreuses activités. Le pays va d’abord participer aux travaux de la session spéciale du comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) pour l’Afrique. Une session consacrée à la désignation du nouveau directeur régional de l’Oms pour le continent africain.
Après cette activité, le « Berceau de nos ancêtres » va prendre part à la 78e Assemblée mondiale de la santé. Les travaux y relatifs se déroulent du 19 au 27 mai. Entre autres thématiques abordées par les pays membres, le renforcement du soutien aux pays, l’optimisation du fonctionnement de l’Oms pour plus d’efficacité et d’efficience, la promotion du meilleur état de santé et du bien-être ou la gestion des situations d’urgence sanitaire. Outre ces thèmes, le Cameroun présente sa politique de Couverture santé universelle (Csu) à la communauté sanitaire internationale.
La première phase de la Csu qui regroupe cinq régions sur les dix que compte le Cameroun (Extrême-Nord, Nord, Adamaoua, Est, Sud) a été lancée le 12 avril 2023. Avec le temps, cette politique gouvernementale qui a pour objectif d’assurer aux populations l’accès aux soins de qualité à des faibles coûts financiers s’est étendue à d’autres régions à l’instar de l’Ouest et du Nord-ouest. Le panier de soins offert aux populations enrôlées à la Csu donne un accès aux services préventif, curatif, palliatif et de réadaptation. De manière générale, il couvre les prestations liées à la vaccination, la nutrition, la consultation gratuite des enfants de moins de 5 ans, la prise en charge gratuite paludisme simple et grave des enfants de 0 à 05 ans, les patients atteints de tuberculose, du Vih. Pour le suivi de la grossesse jusqu’à l’accouchement, les femmes enceintes et des enfants de 0 à 42 jours doivent débourser une somme de six mille Fcfa.
Les coûts annuels de prise en charge des cas d’insuffisance rénale chronique ont été réduits. Les séances d’hémodialyse coûtent 15 mille Fcfa/an au lieu de 520 mille Fcfa comme par le passé.

Activité de sensibilisation lors de la célébration du 2nd anniversaire de la Csu le 12 avril 2025, dans la région du Nord-Ouest
Légion de fléaux sociaux
Deux ans après son effectivité, le gouvernement chiffre à 3.9 millions, les Camerounais déjà enrôlés dans la plateforme soit une représentation de 91% de l’objectif prévu en 2025. Le 02 mai à Douala, le ministre de la santé a indiqué que plus d’1 million de consultations prénatales ont été réalisées dans les formations sanitaires. Les sage-femmes et maïeuticiens ont effectué 281.000 accouchements. Le ministère de la Santé note également plus de 6 millions de visites à domicile par les agents de santé communautaires et 110.000 séances de dialyse.
Cependant, la Csu rencontre des difficultés sur son chemin puisqu’intégré dans la Stratégie nationale de Santé 2020-2030. Les défis résident encore au niveau de l’extension des services prioritaires, l’élargissement de la cible et à d’autres pathologies, la réduction des paiements directs. En guise de justification, le ministère de la Santé énumère les entraves financières, juridiques et sociales.
Sur le plan social, de nombreux fléaux résistent à l’engagement du gouvernement. Les difficultés d’adhésion massive des populations persistent. Les résistances se situent au niveau des expériences vécues avec le projet Chèque-Santé. « Il y a encore les populations qui doutent de la CSU en raison de ce qu’elles ont vécu avec le projet Chèque-Santé. Elles disent qu’elles n’étaient pas totalement prises en charge malgré leur carte d’enrôlement », explique un expert en changement de comportement et social.
Le problème d’insécurité est aussi décrié. Dans les régions du Nord-ouest et Sud-Ouest, les défis liés à la crise socio-politique ont un grand impact sur le système de santé. La délégation régionale du Nord-Ouest pour la santé, déplore un personnel de santé réduit en nombre. Menacé d’insécurité, ledit personnel est poussé à des démissions en cascade à cause des enlèvements. Le pillage des centres de santé, la destruction des infrastructures sanitaires engendrent aussi une faible fréquentation des structures hospitalières existantes. Ce départ massif de la ressource humaine n’exclut pas la résilience du personnel restant en poste.
Difficile mobilisation des finances
Les obstacles financiers se situent au niveau de la mobilisation des fonds car ce projet est financé à 50,4 % par l’Etat et 49,6% par les partenaires. Pour assurer la mise œuvre de la Csu, les partenaires financiers et techniques collaborent avec le ministère de la Santé qui est localement assisté entre autres, des Collectivités territoriales décentralisées et la société civile. L’Oms joue un rôle important dans la coordination de la Csu. L’appui financier provient des actions de la Banque africaine de développement (Bad), Banque mondiale et l’Agence française de développement (Afd). Le Programme commun des Nations unies sur le Vih/ sida (Onusida) partage son expertise pour le programme de lutte contre le Sida.
L’Agence allemande pour la coopération internationale (Giz) a volé au secours du Cameroun à travers les projets P4H et PROPOSAR dans le cadre de la mise en place et du fonctionnement des bons de santé dans les régions du Sud et de l’Est.
Dans le même sillage, les Etats-Unis d’Amérique ont été un soutien important du Cameroun dans le cadre de la matérialisation de la Csu. Ce partenariat qui dure depuis 2016 et brusquement interrompu en début d’année 2025, a existé à travers le projet Reaching Impact, Saturation and Epidemic control (RISE). L’aide apportée par l’Agence américaine pour le développement international (Usaid) a permis de mener des actions telles que : développement, production, diffusion du plan de communication stratégique et du matériel d’accompagnement ; le développement et l’évaluation des coûts du paquet consolidé d’interventions gratuites pour la Csu ; la formation et le renforcement des compétences des responsables régionaux en matière d’évaluation des couts et d’outils de budgétisation
Par Crescence Yolande AKABA, Cameroun
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