

Abbas Araqchi, Ministre des Affaires étrangères de l’Iran a indiqué samedi que la poursuite des négociations indirectes avec les États-Unis dans un contexte de violence israélienne était « injustifiable ». Archives de l’Agence de presse de la République islamique.
Confrontation directe pour une ligne rouge franchie
L’Iran et Israël s’affrontent de façon interposée depuis des décennies, notamment en Syrie, au Liban ou à Gaza. Mais l’échange de frappes directes sur les territoires souverains et à proximité de Téhéran, représente une certaine rupture.
Les frappes israéliennes sur des infrastructures proches de Téhéran officiellement justifiées comme des actions préventives contre des capacités militaires iraniennes n’ont pas manqué de susciter l’effroi de la communauté internationale. La réplique iranienne ciblée et significative visant à restaurer un équilibre symbolique et stratégique tout en évitant l’escalade totale a encore fait plus de mal. Téhéran accuse son ennemi Israël d’avoir sape les pourparlers sur le nucléaire avec les États-Unis en attaquant son territoire
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, confronté à une crise interne profonde et à une usure politique, répond par des déclarations martiales. Son gouvernement, déjà affaibli par la guerre à Gaza et les tensions avec Washington, voit dans l’Iran une menace existentielle mais aussi un levier politique interne.
À Téhéran, le régime des mollahs cherche à affirmer sa crédibilité régionale, notamment vis-à-vis de ses alliés Hezbollah libanais, milices chiites en Irak, et Houthis au Yémen. Aussi fragilisé économiquement, l’Iran est cependant galvanisé par la dynamique de l’axe de la résistance et répond avec vigueur pour prouver qu’elle n’est pas affaiblie, malgré les coups.
La diplomatie mondiale au défi
Cette escalade a immédiatement suscité des réactions contrastées au sein de la communauté internationale. Alors que les États-Unis réaffirment leur soutien à Israël tout en appelant à la désescalade, la Chine, engagée dans une stratégie d’expansion diplomatique au Moyen-Orient, appelle à la retenue tout en critiquant l’agression israélienne. La Russie quant à elle voit dans cette crise une opportunité de s’ériger en médiateur, tout en consolidant ses liens avec Téhéran.
Les pays européens, bien que préoccupés par la montée des tensions, peinent à parler d’une seule voix. La France et l’Allemagne condamnent les violences tout en insistant sur la nécessité de relancer un cadre de négociation régionale. Certains États arabes, notamment le Qatar et l’Arabie saoudite mettent en garde contre un embrasement général pouvant compromettre leurs efforts récents de normalisation ou de stabilisation.
La présente crise rappelle une réalité des relations internationales contemporaines. L’absence de mécanismes de sécurité régionaux solides au Moyen-Orient. La non-présence d’un cadre de dialogue durable expose chaque crise a une dégénération en conflit ouvert. La responsabilité collective des grandes puissances en quête de leadership est engagée, en vue de la construction d’une architecture diplomatique urgente et crédible.
L’ONU en état d’impuissance
Une fois encore, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni en urgence pour n’aboutir à aucune résolution. Les vétos croisés et les rivalités entre membres permanents paralysent l’institution. Une inertie qui renforce la perception d’une diplomatie internationale affaiblie, incapable d’influencer les équilibres sécuritaires les plus explosifs du globe.
Le Secrétaire général appelle au calme mais son appel reste largement symbolique. Conséquence, le conflit illustre une fois de plus, les limites de l’ordre multilatéral face à des puissances régionales déterminées à défendre leurs intérêts par la force.
Vers une reconfiguration du Moyen-Orient ?
L’affrontement en cours, interroge sur la possibilité d’une reconfiguration de la géopolitique moyen-orientale. Le rapprochement récent entre l’Iran et certains États du Golfe, la guerre à Gaza, les tensions internes en Israël et la réactivation de l’Axe Téhéran-Damas-Hezbollah sont autant d’éléments qui redessinent la carte des alliances.
Au-delà du choc immédiat, ce conflit pourrait accélérer le clivage entre les pays pro-occidentaux et ceux soutenus ou courtisés par Pékin et Moscou. La logique de blocs semble reprendre le dessus sur les ambitions de normalisation pour créer un effet de polarisation (comme les accords d’Abraham ou le rapprochement Riyad-Téhéran). Les blocs pro-Iran et pro-Israël risquent de se structurer plus clairement avec des conséquences sur la sécurité énergétique mondiale, les routes commerciales et les équilibres militaires dans la région.
Par Mangue Man Mut
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