Pont Yaoua - Bongor - crédit image Le N'Djam Post

Pont Yagoua-Bongor : entre espoirs d’intégration régionale et tensions bilatérales

La construction du pont Yagoua-Bongor long de 620 mètres pour un coût total de 74 milliards de FCFA, incarne un jalon stratégique dans les relations entre le Cameroun et le Tchad. Son inauguration officielle le lundi 28 avril 2025 par le Premier ministre camerounais Joseph Dion NGUTE, marque une célébration de l’intégration régionale teintée de tensions autour de l’infrastructure.

Pont Yaoua – Bongor – crédit image Le N’Djam Post

Financé par un prêt de la Banque africaine de développement (BAD) et un don de l’Union européenne 26 milliards de FCFA, cet ouvrage vise à faciliter les échanges de biens et de personnes entre les deux pays et à désenclaver les régions frontalières à travers une mobilité plus fluide.

Côté tchadien, les signes de mécontentement sont déjà palpables. Les autorités de N’Djamena dénoncent l’état du tronçon routier menant au pont, encore non achevé, ce qui pourrait considérablement limiter les bénéfices attendus en matière de circulation des biens et des personnes. De plus, la présence supposée de fissures sur le pont en prélude à son inauguration alimente des suspicions sur la qualité des travaux, jetant une ombre sur la gestion du projet. L’infrastructure lancé en février 2020 par le feu président Idriss Déby Itno, est désormais au cœur d’un malaise diplomatique latent entre deux pays historiquement liés par des intérêts économiques et géostratégiques.

L’importance de ce pont va pourtant au-delà du simple lien physique. Il est censé incarner un pilier de la coopération Cameroun-Tchad et contribuer à la consolidation de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). En facilitant l’interconnexion des marchés, la fluidité du transport et l’intégration des populations, cette infrastructure a vocation à devenir un modèle de projet sous-régional réussi.

Cependant, si les frustrations tchadiennes ne sont pas prises en compte rapidement, le projet pourrait avoir des répercussions diplomatiques, allant jusqu’à affaiblir la cohésion sous-régionale. Un partenariat déséquilibré ou mal perçu peut en effet alimenter la défiance, freiner les autres projets d’intégration et retarder la construction d’un espace économique viable en Afrique centrale. Le pont Yagoua-Bongor représente donc bien plus qu’un axe routier. Il est un test grandeur nature pour la maturité diplomatique et la capacité de coordination des États de la sous-région.

Par YMN

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