L’Afrique et la géopolitique mondiale: Comment retrouver l’influence ?

Par Manguè Man Mùt

Considérée depuis des siècles comme un acteur secondaire dans les relations internationales, l’Afrique, le berceau de l’humanité et continent riche en ressources naturelles, s’est souvent réduit à un rôle de spectateur face aux grandes puissances. Ses atouts, méconnus ou mal utilises, peinent à imposer le continent comme un acteur clé dans les rapports de forces mondiaux. Face au nouveau tournant de la dynamique géopolitique mondiale, l’Afrique se place impérativement sous les projecteurs.

Les forces de l’Afrique

L’un des plus grands atouts de l’Afrique réside dans sa population jeune et dynamique. Le continent abrite une population de plus de 1,4 milliard d’habitants, dont près de 60 % ont moins de 25 ans. Cette jeunesse constitue un véritable capital humain pour l’avenir, capable de propulser l’Afrique vers de nouvelles sphères d’influence économique et diplomatique. La montée en puissance des startups africaines, notamment dans les secteurs de la technologie, des fintechs et des innovations agricoles, témoigne de cette effervescence entrepreneuriale.

Par ailleurs, les ressources naturelles de l’Afrique à savoir l’or, le pétrole, le gaz, les terres rares, etc. sont des leviers puissants dans les relations internationales. Des puissances comme la Chine et les États-Unis ont déjà compris l’importance de ces ressources et cherchent à renforcer leurs liens avec le continent pour sécuriser leurs approvisionnements.

L’Afrique possède également un marché en pleine expansion, avec une classe moyenne en croissance qui représente une opportunité d’investissement considérable pour les entreprises mondiales. Ajouté à ceci, l’intégration croissante des pays africains à travers des structures comme l’Union Africaine (UA), la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf), ou encore la diplomatie panafricaine, permet à l’Afrique de faire entendre une voix plus unifiée et plus forte sur la scène mondiale. Une solidarité régionale aujourd’hui cruciale viendrait nécessairement renforcer le poids diplomatique du continent.

Les faiblesses à considérer

Malgré ces atouts indéniables, l’Afrique demeure confrontée à plusieurs barrières structurelles qui freinent son développement et son influence. La première d’entre elles réside dans la gouvernance. De nombreux pays africains sont encore victimes de régimes autoritaires, de corruption endémique et de systèmes politiques inefficaces. Ceci limite la capacité des États à mettre en œuvre des politiques publiques cohérentes et à attirer les investissements étrangers nécessaires pour un développement durable.

La problématique des instabilités politiques, notamment dans des régions comme le Sahel, constitue avec son corolaire des conflits armés ou insurrections, un problème majeur. Ces derniers groupes souvent alimentés par des rivalités ethniques et religieuses, exacerbent les tensions internes et rendent l’Afrique vulnérable aux ingérences extérieures.

Un autre défi crucial pour l’Afrique réside dans la dépendance à l’égard de l’aide internationale et des institutions financières mondiales, qui continuent d’imposer des conditions défavorables. Une dépendance qui empêche le continent de réellement exercer sa souveraineté économique et de jouer un rôle de leadership dans les affaires mondiales.

Comment l’Afrique peut-elle jouer son rôle a l’international ?

Pour que le continent réussisse à s’imposer sur la scène internationale et à équilibrer les rapports de force, il est essentiel qu’il commence par relever ses défis internes et renforcer ses capacités diplomatiques. La consolidation des institutions démocratiques est primordiale tout comme la lutte contre la corruption. La stabilité politique du continent attirera à coup sûr, plus d’investissements et imposera sa crédibilité sur le plan international.L’Afrique devra aussi intensifier son intégration économique. Un renforcement des marchés communautaires sous- régionaux donnera du souffle à la ZLECAf, qui est un pas important appelé à aller au-delà du simple libre-échange, pour se transformer en un véritable marché commun dynamique. La promotion de la diversification économique est également essentielle tout comme la réduction de la dépendance vis-à-vis des matières premières pour se tourner vers des secteurs à forte valeur ajoutée, comme les technologies et l’industrie.

L’adoption par exemple d’une stratégie diplomatique proactive et multilatérale dans la diversification des partenariats constituerait une force. Loin de se concentrer uniquement sur les puissances traditionnelles comme l’Europe et les États-Unis, l’Afrique peut davantage approfondir ses relations avec la Chine, l’Inde, le Brésil et d’autres puissances émergentes.

En pleine possession de tout ce qu’il faut pour jouer un rôle majeur dans l’équilibre des forces mondiales (jeunesse, ressources et intégration croissante), l’Afrique n’a qu’à capitaliser ses atouts, pour influencer la scène internationale. Ceci passe forcément par un leadership visionnaire dont la volonté transformationnelle est perçue comme un impératif.

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