
Malgré ses faibles émissions de gaz à effet de serre et ses responsabilités marginales dans la crise climatique mondiale, l’Afrique occupe une place centrale dans la géopolitique climatique. Le paradoxe réside dans le fait que le continent, bien qu’étant l’un des moins responsables du réchauffement climatique, est pourtant l’une des régions les plus vulnérables à ses effets dévastateurs. Cependant, sa position géographique, ses ressources naturelles et son rôle stratégique dans la transition énergétique mondiale lui confèrent un poids politique croissant sur la scène internationale.
L’Afrique comme victime de la crise climatique
Les impacts du changement climatique n’épargnent pas le continent. La hausse des températures, les sécheresses récurrentes, les inondations et l’élévation du niveau de la mer affectent gravement l’agriculture, les infrastructures et les écosystèmes. Les pays du Sahel, en particulier, sont confrontés à une désertification rapide, tandis que l’Afrique de l’Est connaît des vagues de sécheresse qui affectent les récoltes et les populations.
Les pays africains sont donc en première ligne, exposés aux effets du réchauffement climatique, alors même qu’ils n’ont contribué que de manière marginale aux émissions mondiales de carbone. Selon les Nations Unies, l’Afrique émet 4% des émissions mondiales, un chiffre bien inférieur à celui des pays développés. Les effets négatifs du climat sur les infrastructures, la santé et l’agriculture aggraveront encore la pauvreté et l’insécurité alimentaire, déjà des problématiques endémiques.
Un acteur stratégique dans la Transition Energétique
L’Afrique demeure un acteur incontournable de la géopolitique climatique malgré sa vulnérabilité, notamment en raison de ses ressources naturelles et de son potentiel énergétique. Le continent détient une grande part des ressources en énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire, éolienne et géothermique. En effet, l’Afrique est située dans des zones géographiques particulièrement ensoleillées, ce qui lui permet d’exploiter le solaire comme une ressource clé pour sa croissance énergétique durable. Son potentiel dans le domaine des énergies renouvelables est énorme. L’énergie solaire par exemple pourrait, à terme, répondre à une grande partie des besoins énergétiques du continent, tout en permettant aux pays de se positionner comme des acteurs de la transition énergétique mondiale. Le projet Desertec, qui vise à exploiter l’énergie solaire du Sahara pour fournir de l’électricité à l’Europe et à l’Afrique, en est une illustration.
En outre, l’Afrique peut jouer un rôle central dans le stockage du carbone et la préservation des écosystèmes. Ses forêts tropicales, en particulier le bassin du Congo, représentent un puit de carbone majeur, essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le continent possède ainsi des ressources naturelles qui peuvent être mises à contribution dans la gestion du carbone, faisant de lui un acteur central dans la lutte mondiale contre le changement climatique.
L’Afrique et les financements Climatiques
Le rôle de l’Afrique dans la géopolitique climatique est marqué par une lutte pour l’accès à des financements climatiques. L’Accord de Paris a prévu des financements pour les pays en développement afin de les aider à s’adapter aux changements climatiques, mais les promesses de 100 milliards de dollars par an de la part des pays développés n’ont pas été respectées à ce jour. En conséquence, le continent, bien qu’il soit le plus touché par les impacts du réchauffement, reste dépendant des aides internationales pour financer ses projets d’adaptation et de transition énergétique. Les pays réclament des financements pour compenser les pertes et les dommages liés au climat. Le sommet COP27 a même décidé de créer un fonds pour les « pertes et dommages », mais son financement et sa mise en œuvre restent flous. L’Afrique, en raison de ses besoins en matière d’infrastructure, d’agriculture durable, et de santé publique, est à la recherche de mécanismes de financement clairs et adaptés pour faire face aux effets climatiques de manière efficace et durable.
Pour que l’Afrique joue pleinement son rôle, il est à la fois crucial qu’elle bénéficie des financements nécessaires à l’adaptation et à la mise en œuvre de projets d’énergie renouvelable et multiplie ses propres initiatives de financements. La géopolitique climatique ne sera véritablement juste que si le continent passe de victime à acteur dans une perspective de transformation des défis en opportunités.
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