

Yvon Sana Bangui- Gouverneur de la BEAC- Discours des 25 ans de la CRBC 14-05-2025
Créée il y a un quart de siècle, la CRBC s’est imposée comme un vecteur de stabilité sociale interne à la BEAC. Sa gestion, qualifiée de « rigoureuse » et « prudente » par le gouverneur, lui a permis de « faire face aux défis économiques et financiers successifs ». Pour Ivan Sana Bangui, c’est aussi le fruit d’une gouvernance collective : « Je tiens à rendre un vibrant hommage à tous les acteurs de cette réussite (…) et surtout le personnel de la banque actif comme retraité dont les contributions régulières ont nourri et pérennisé ces fonds qui nous sont essentiels aujourd’hui » a-t-il déclaré.
Si cette institution apparaît comme un modèle dans un environnement régional souvent instable, le contraste est notable avec la perception externe de la gouvernance globale de la BEAC. Le Gouverneur évoque « une vigilance constante » face à des défis tels que « les fluctuations des marchés financiers » et « l’évolution démographique ». Il appelle par ailleurs, à renforcer la gouvernance et optimiser la stratégie d’investissement. Un aveu implicite que la solidité de la CRBC ne doit pas masquer les fragilités structurelles ailleurs dans la maison BEAC.
Il est clair et connu que la banque centrale est critiquée pour son manque de transparence dans d’autres domaines sensibles, notamment dans la gestion du rapatriement des devises de la sous-région. Les recrutements fantaisistes et bien d’autres griefs encore. Si la CRBC est « en mesure d’honorer ses engagements », d’autres bras de la BEAC peinent à démontrer une efficacité similaire.
Derrière les mots du gouverneur se dessine aussi un besoin urgent de réforme à l’échelle régionale. « L’avenir de notre caisse de retraite passera par le renforcement de la gouvernance (…) et une communication aussi transparente », dit-il. Une phrase qui, si elle vise la CRBC, résonne comme une invitation à un sursaut plus large de la part de la BEAC elle-même.
Toutefois, la CRBC fait figure d’exception dans une BEAC en quête de crédibilité. Son succès discret interroge tout de même sur le (pourquoi d’une telle exemplarité n’irrigue-t-elle pas l’ensemble des mécanismes de gouvernance de la banque centrale ?) A l’heure où la CEMAC affronte des défis économiques majeurs, le modèle CRBC pourrait bien inspirer les réformes souhaitées à condition qu’il ne reste pas isolé. Pour que la BEAC puisse pleinement jouer son rôle de garant de la stabilité monétaire et financière de la CEMAC, il est essentiel de renforcer son indépendance et de surmonter les défis structurels actuels.
Par Yves Modeste Ngue
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